L’art aborigène : un investissement d’avenir ?
L’art aborigène australien séduit depuis plusieurs décennies par son esthétique unique et son ancrage culturel millénaire. Ses motifs hypnotiques et sa symbolique profonde en font un pilier de l’art contemporain, tout en conservant un fort lien avec les traditions ancestrales des peuples autochtones d’Australie. Mais au-delà de son aspect artistique et culturel, est-il un investissement rentable pour les collectionneurs et les amateurs d’art ?
Grâce à une forte demande internationale et à l’intérêt grandissant des musées et des grandes maisons de ventes aux enchères, l’art aborigène s’impose aujourd’hui comme un marché en plein essor. Décryptage d’un secteur à la croisée de l’histoire et de la modernité.
Une œuvre emblématique d’Emily Kame Kngwarreye, San titre 1990, estimée à $250/350,000
Un marché en pleine expansion
L’art aborigène connaît une ascension impressionnante depuis les années 1970, époque où les premiers artistes ont commencé à transposer leurs motifs traditionnels sur des toiles. Ce mouvement, né à Papunya sous l’impulsion de Geoffrey Bardon, a marqué le début d’un véritable phénomène artistique mondial.
Les chiffres attestent de cet engouement : en 1989, les ventes d’art aborigène ne dépassaient pas 18 millions de dollars australiens. Elles atteignaient 300 millions en 2011 et continuent d’augmenter, portées par des ventes aux enchères record.
En 2007, une œuvre de Clifford Possum Tjapaltjarri s’est vendue 1,3 million d’euros chez Sotheby’s.
En 2018, une toile d’Emily Kame Kngwarreye a été adjugée 547 391 dollars australiens, confirmant son statut de figure incontournable du marché.
Salle de vente Cooee Art avec une œuvre aborigène en cours d’adjudication, Mars 2024. Collection Rod Menzies.
Pourquoi investir dans l’art aborigène ?
1. Un marché en croissance et bien encadré
Malgré un ralentissement après la crise financière de 2008, le marché de l’art aborigène a su rebondir. Aujourd’hui, les ventes aux enchères se multiplient, notamment à Paris (Artcurial, Millon) et à Londres (Sotheby’s), attirant un public international.
L’instauration de l’Indigenous Art Code en 2009 a également contribué à professionnaliser le marché en garantissant l’authenticité des œuvres et une rémunération équitable aux artistes.
2. Une esthétique intemporelle et un attrait décoratif fort
Avec ses couleurs vibrantes et ses compositions graphiques envoûtantes, l’art aborigène s’intègre parfaitement dans des intérieurs contemporains. Son caractère abstrait mais symbolique attire à la fois les amateurs d’art moderne et les décorateurs en quête de pièces uniques.
Art aborigène dans le salon d’une maison à Malibu, Los Angeles.
3. Une rareté croissante des œuvres majeures
Les artistes de la première génération, à l’origine du mouvement dans les années 1970, sont aujourd’hui rares sur le marché. Leurs œuvres, souvent détenues par des musées et des collections privées, prennent de la valeur à mesure que l’offre diminue.
De nouveaux artistes émergent cependant, comme Abie Loy Kemarre et David Walbidi, dont les œuvres s’échangent entre 3 000 et 25 000 euros, témoignant de la diversité et du renouvellement du marché.
4. Une fiscalité avantageuse pour les collectionneurs
En France, l’achat d’une œuvre d’art bénéficie d’un régime fiscal attractif. Pour les particuliers, les plus-values sont exonérées d’impôt après 22 ans de détention. Pour les entreprises, il est possible de déduire le prix d’acquisition du résultat imposable en exposant l’œuvre au public.
Exposition Timothy Cook à Melbourne, Japarra amintiya Japalinga (Moon and Stars). Avril 2025.
Les critères pour un investissement réussi
1. Acheter auprès de sources certifiées
L’authenticité est un facteur clé dans la valorisation d’une œuvre. Il est essentiel de se tourner vers :
✔️ Les centres d’art aborigènes agréés, garantissant une rémunération équitable aux artistes.
✔️ Les galeries spécialisées et les maisons de ventes aux enchères reconnues.
✔️ Les œuvres accompagnées d’un certificat d’authenticité, précisant l’artiste, la communauté d’origine et la signification du motif.
2. Privilégier les artistes reconnus
Certains noms dominent le marché et offrent un investissement plus sécurisé :
Emily Kame Kngwarreye (1910-1996) – figure emblématique de l’art aborigène.
Clifford Possum Tjapaltjarri (1932-2002) – connu pour ses compositions complexes.
Ronnie Tjampitjinpa (1943-2023) – artiste influent du mouvement contemporain.
Dorothy Napangardi (1950-2013) – célèbre pour son travail en noir et blanc.
3. Choisir des formats et des styles stratégiques
📌 Les grands formats sont plus recherchés et offrent une meilleure valorisation à long terme.
📌 Les œuvres au style distinctif et abouti attirent davantage les collectionneurs avertis.
📌 Les peintures anciennes des premières générations d’artistes sont particulièrement convoitées.
4. Se tenir informé des tendances
Suivre les expositions et les résultats de ventes aux enchères permet d’identifier les artistes en pleine ascension. L’intérêt pour l’art aborigène ne cesse de croître, notamment en Europe et aux États-Unis, où de nombreuses institutions intègrent ces œuvres à leurs collections permanentes (Musée du Quai Branly, Seattle Art Museum, Musée des Confluences à Lyon).
Exposition Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori à la Fondation Cartier d’art contemporain, Paris. Photo by Thibaut Voisin.
Conclusion : un investissement artistique et culturel durable
Loin d’être un simple phénomène de mode, l’art aborigène s’affirme comme un secteur pérenne et prometteur du marché de l’art. Il offre un double avantage :
✅ Un potentiel de valorisation financière grâce à la rareté croissante des œuvres historiques et à la reconnaissance internationale du mouvement.
✅ Une dimension culturelle forte, permettant de soutenir une tradition artistique millénaire tout en acquérant une œuvre aux qualités esthétiques remarquables.
Que l’on investisse par passion ou par stratégie financière, l’essentiel reste de choisir des œuvres authentiques et significatives, capables de traverser le temps et de porter un message universel.